L’œuvre de Miles Hall a été nourrie par l’héritage de la génération des peintres abstraits américains, de Barnett Newman à Ellsworth Kelly. Il préserve la radicalité sans renoncer à la picturalité en s‘intéressant à la diversification du sujet dans la continuité des séries. Au travers de processus divers, son travail explore la sensualité de la couleur, du geste et de la matérialité de la peinture. Le support et sa forme participent à cette exploration. Toile, aluminium, polystyrène sont autant de matériaux sollicités. Peindre procure une opportunité de transformer physiquement des matériaux, couleurs et formes en une expérience charnelle : Or c'est la dimension physique de la peinture qui joue un rôle central dans l’œuvre de Miles Hall, comme il l’explique , « une peinture n'est pas une image mais une chose... une chose qui existe dans l'espace en tant qu'objet avec une surface et une dimension tactile. »
Depuis 2009, il privilégie le dialogue dans un même espace, entre des propositions contradictoires qui s’affrontent autour d’une limite « hard edge », créant ainsi une forte dissonance. Par cette discordance s’exprime à la fois la tension de sa peinture et son désir de ce qu’il conviendrait de nommer : « plus belle harmonie » (1). Cette peinture est « liée par un même horizon qui structure (divise) la construction (composition) et qui ramène à la fois la vision d’une frontalité liée à la matière et fait naître une profondeur fictive. De cette manière il cherche à transformer des pigments soigneusement sélectionnés en une expérience dynamique de l'espace, du geste et de la couleur sur une surface décollée du mur sur laquelle elle s’inscrit »(2).
(1) « Ce qui est taillé en sens contraire s’assemble ; de ce qui diffère naît la plus belle harmonie ; tout devient par discorde » Héraclite
(2) Laurent Duport